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Portrait d'ambassadeurs
La ferme Sénéchal, un autre regard sur l’autisme à Vieille-Chapelle
A Vieille-Chapelle, l’association Sourires d’autistes construit depuis 2008 un projet d’ampleur sur les bases d’une ancienne bâtisse pleine d’histoires : La Ferme Sénéchal. Elle accueille de jeunes autistes dans cette maison ouverte à tous et poursuit son développement d’activités pour favoriser leur inclusion dans tous les champs de la vie. Le projet a été récompensé en novembre 2023 par le prix ESS Hauts-de-France dans le cadre du Mois de l'ESS 2023.C’est dans un petit coin de la campagne Lys-Romane, dans le Pas-de-Calais, que se situe La Ferme Sénéchal. Le bâtiment, riche d’histoires, entame un nouveau chapitre. Depuis 2021, il abrite une maison ouverte à tous et solidaire qui accueille du lundi au vendredi des personnes avec autisme dès l’âge de 16 ans. « Cette ferme appartenait à George Sénéchal. A la fin de sa vie, à 103 ans, il a fait don de sa propriété à la commune de Vieille-Chapelle à condition d'y réaliser une œuvre sociale », raconte Lise Serrure, cofondatrice du projet. « Les habitants du village ont été invité à voter et ils ont accordé leur voix au projet de Sourire d’autistes ».
Depuis 2021, l’énergie n’a pas manqué pour transformer cette ferme au carré de caractère en lieu d’accueil. Le projet mûrissait depuis plus de 15 ans dans la tête de Lise Serrure et de sa famille. Et bien plus longtemps encore : « Le projet est né avec ma sœur. Florine est née autiste. A sa naissance, le diagnostic médical est pessimiste ; son cerveau ne commande ni ses bras, ni ses jambes. Aujourd'hui, pourtant, elle marche, parle beaucoup et croque la vie à pleines dents. On l'a beaucoup encouragée. Mais à 20 ans, c’est le drame. Florine sort de l’établissement spécialisé de l’enfance et il n’y a pas de place dans le secteur adulte. Sa rupture de parcours dure 5 ans. Mes parents décident de prendre les devants en créant l’Association Sourires d’Autistes pour proposer un avenir heureux à Florine et ses amis », ajoute-t-elle.
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S’il existe des établissements spécialisés, Sourires d’autistes vise un tout autre modèle pour accueillir les personnes autistes. « En France, on fonctionne par filière et les personnes avec autisme n’ont pas d’autres choix que de vivre en établissement médico-social tout au long de leur vie ; avec un manque de places criant pour pouvoir les accueillir. Ici, on offre une alternative en développant un nouveau modèle d’accompagnements individualisé qui place les personnes dans un processus d’évolution continue vers l’autonomie et l’épanouissement épousant parfaitement leurs besoins, leurs choix et leurs aspirations. Les professionnels de la Ferme font l’interface avec tous les acteurs de droit commun dans tous les champs de la vie afin de faciliter la compréhension des échanges et ainsi favoriser l’accès à tous les droits comme tous citoyens », explique Lise Serrure. L’autonomie, la connaissance et l’accès aux droits et services, l’apprentissage des codes sociaux pour entrer en communication avec le grand public, … Ce sont autant d’axes développés au travers des diverses activités, encadrées par des accompagnateurs de parcours. « Là aussi notre fonctionnement est différent. Elodie est psychologue et elle accompagne une équipe de coordinateurs à adopter la bonne posture. Ils n’ont pas de formation médico-sociale mais sont experts d’un des domaines de la vie (emploi, santé, vie quotidienne, culture, logement…). Ils sont arrivés à la Ferme Sénéchal avec une fine connaissance des dispositifs et des partenaires du territoire. C’est un gage de réussite pour favoriser l’inclusion », précise-t-elle.
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« Chaque jour commence par un temps d’accueil le matin, puis la préparation du menu. On doit se mettre d’accord sur un menu, aller faire les courses et préparer le repas ensemble et on doit aussi entretenir la Ferme et les espaces verts. On apprend à s’organiser et à être autonome », explique Hugo, accueilli parmi la vingtaine de jeunes adultes. Cet après-midi-là, il travaille avec Arthur, Clément et Maxime autour d’une réalisation future : un arbre à noms. C’est un des nombreux projets menés dans cette maison d’accueil qui possède des jardins, des bureaux et salles de réunions, des salles d’activités et même un atelier de construction bois.
« On travaille sur la valorisation des rôles sociaux pour gagner en confiance, se sentir fier de soi et aider le changement de regard. Alexis et Hugo sont, par exemple, devenus responsables de l'organisation des Journées Européennes du Patrimoine. Ils ont été formés au métier de guide par le service culture du Département du Pas-de-Calais pour proposer des visites de la Ferme au grand public. D’autres avaient organisé un escape game théâtralisé ou encore un rallye photos », détaille Lise Serrure. Mais tout cela vient d’abord des jeunes accueillis : « Si on nous propose une idée, on invite à la coucher sur papier, en écrire les objectifs et même réfléchir à trouver de l’argent pour le financer », sourit Anne-Cécile qui se souvient d’une expédition à Roissy. « Devant une dizaine de personnes de l’entreprise Dutakotek, j’ai présenté notre projet de végétalisation de la ferme. Ils nous ont donné 4800€ pour réaliser des espaces jardins et planter aussi un arbre », explique Hugo. L’ambition est d’ailleurs de planter un arbre pour chaque mécène du projet.
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La ferme Sénéchal, un modèle économique atypique pour un projet nouveau
La Ferme Sénéchal a dû innover aussi pour financer son projet en adoptant un modèle économique hybride de financements publics et privés. Le financement du fonctionnement du dispositif est couvert pour moitié par les institutions publiques (Conseil Départemental du Pas de Calais, l’ARS, la Région). L’autre moitié du budget est couvert par la participation des Personnes avec autisme à hauteur de 8€ par jour, l’exploitation des activités commerciales comme la location d’un gîte, de salles de séminaires et de coworking développée dans le cadre de l’Economie Sociale et Solidaire et les fondations et mécènes divers. « Pour nous le handicap est l’affaire de tous et proposer ces services, c’est faire participer chacun, chacune au projet », appuie Lise Serrure qui entend poursuivre la diversification des activités économiques avec la construction de "tiny houses", un champ de fleurs à couper, la location de rosalies, des vergers et jardins potagers et ceci toujours en lien avec les besoins du territoire et des villageois.A l’horizon 2026, l’Association Sourires d’autistes ambitionne d’ailleurs de répliquer cette maison inclusive et solidaire sur d’autres territoires par la voie d’une franchise sociale. « Les instances nationales nous encouragent à commencer à y travailler avec le Département de la Somme », se réjouit Lise Serrure.
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Un nouveau projet de réhabilitation
En 2024, l’association Sourires d’autistes s’attaquent à la construction de 3 grandes maisons en habitat inclusif avec Pas-de-Calais Habitat à l’arrière de la ferme. A raison de 6 habitants par maison, elles pourront loger 18 personnes dans une démarche d’inclusion et d’autonomie des personnes autistes. « Il a fallu trouver une enveloppe de 400 000 euros dédiée au financement de l'adaptation et des aménagements spécifiques que nous avons bouclée grâce à des partenaires publics et privés : Département du Pas-de-Calais, CAF, MSA, fondation RTE, Crédit Agricole, Orange, Caisse d'Epargne, Vinci construction. Et cela nous réjouit car nous allons pouvoir adapter et offrir aux jeunes un lieu de vie et un environnement adapté », explique Lise Serrure. -
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La Ferme Sénéchal en chiffres :
- 20 jeunes accompagnés en moyenne sur une semaine (30 places possibles) dès 16 ans
- 3 millions d’euros pour réhabiliter le projet avec l’aide de l’Etat, de la Région, la Fondation du Patrimoine et bien d'autres mécènes
- 2 hectares
- 5 à 6 ans encore de développement
- 8 euros par jours pour l’accueil d’un jeune -
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Contacts :
La Ferme Sénéchal
964 Rue des Clercs,
62136 Vieille-Chapelle
https://www.lafermesenechal.fr/